[Violence] Romantisme de toilettes [Ft. Seb]

Le terme gorge profonde pouvait être lu en de nombreux aspects. La première fois qu'il avait appris ces mots dans cet ordre-là, plus jeune, Sax avait tout de suite imaginé le cygne gracile et son long cou interminable. Un coffre, une voix ! Ou peut-être une singularité anatomique ?

Sax n'avait jamais été bien loin de la réponse. Et ne découvrit-il le sens de cette merveilleuse expression que bien après en avoir fait l'expérience.

Aussi en prenait-il toute la signification en cet instant précis. Sur la cuvette des chiottes du 2e étage avec une bien délicate compagne pour lui tenir le froc. Et Dieu qu'elle le tenait bien ! Sax ne savait pas trop si la fille avait réellement accepté ou si elle en avait juste eut marre de ses approches. Ça n'avait pas vraiment son importance, dans cette position. Tout ce qui était important, c'était de pouvoir entendre le cliquetis régulier de la boucle de sa ceinture carillonner contre la céramique de la cuvette. Dans ses oreilles, un étrange sifflement se faisait opéra. Peut-être que le bruit constant du frottement des tissus entravait quelque chose de transcendant à cette mélodie plaintive. Sax ne la regardait pas alors qu'elle lui envoyait de grands regards depuis son poste. Sans doute, lorsque Sax lui sourit, entreprit-elle d'en finir une bonne fois pour tout. Vite fait bien fait.

Sax ne l'entendait pas comme ça. Il la serra pour pas qu'elle ne s'en aille trop vite. Fort. Fort. Il se servit de ses bras comme d'un étau et lorsqu'elle commença réellement à comprendre la détresse de sa situation, c'était déjà fini.

« Shhht ! » Elle cessa brusquement de crachoter entre ses bras. Elle tremblait et Sax le sentait jusque dans ses os. C'était sublime. Amoureusement, il lui caressa les cheveux pendant qu'on entrait dans les cabines voisines. Veronica voulut tousser encore et Sax l'en empêcha de gestes paternels et affectueux. Un baiser sur le front. Fraternel. Ou presque. A côté, ça commençait à baiser comme des lapins.

Et d’entre tous les gémissements de petite pucelles qu'il pouvait connaître, Sax reconnut celui d'Aryel.

Il sourit. Pas Veronica. Plusieurs fois, elle tenta de bouger. De geindre. Du bout des doigts elle frôlait les jambes de Sax comme pour lui rappelait qu'elle était toujours là. Incapable de parler et prisonnières des bras du sorcier, elle essayait parfois d'accrocher le regard de ce dernier qui levait les yeux en l'air pour juger la performance de son voisin.

Veronica commençait à avoir les larmes aux yeux. Une perle glissa sur une courte distance jusqu'à sa joue. Sax frissonna. Les grognements dans son oreille et le supplice de Veronica. Double peine. Sax ne pouvait pas se détendre. Alors il appuyait un peu parfois. Juste pour pouvoir l'entendre miauler de terreur. Et sentir ses mains tenter aveuglement de le repousser.

« Sht sht sht. Presque fini. » Sa main se glissait jusqu'à son dos. Il la flattait comme un chaton apeuré.

Presque. Il y eut un instant de silence. Veronica s'était tût et immobilisé. Elle semblait avoir arrêté de renifler. De respirer.

« À plus, dame de mes rêves ! On se revoit la semaine prochaine »

Veronica tira brusquement et Sax décida de la libérer de son sort. Alors qu'elle fut emportée par son élan jusqu'au dehors de la cabine, Veronica et Sax eurent un échange de regard. Il lui sourit tendrement et lui adresse un œil complice. Elle sourit. Avec les larmes qui coulaient sur ses joues, Sax se dit un bref instant, qu'en vérité, elle grimaçait. Aussitôt, elle disparut des toilettes.

Tranquille et serein, il remonta ses fringues. Reboucla sa ceinture. Ses gestes étaient mous et tous ses nœuds avaient quitté ses muscles. Un sourire béat sur les lèvres. Il approcha du robinet et adressa un sourire humble mais victorieux à Aryel en se lavant les mains.

Sax laissa un petit silence planer. Joueur. Puis il haussa des épaules et eut une expression pincée en roulant la tête.

« Baah... ! Si tu m'expliques comment tu as réussi à lui faire croire que tu en avais une correcte, je t'expliquerai comment j'ai réussi à lui faire croire que j'étais un mec respectable. » Il se tourna vers lui et d'un flegme absolu, secoua d'un geste sec ses mains trempées vers le visage d'Aryel. Sourire.

Sax s'essuya les mains alors que cet adorable Aryel semblait prendre un malin plaisir à décrire à quel point il était la catin de service. Il en faisait une réelle fierté. Sax ne comprenait pas toujours. Mais sa sincérité avait le mérite de le détendre. Il n'avait pas besoin de lire en lui. Il n'avait pas tellement besoin non plus de l'interroger. Aryel était un garçon d'une innocence perverse que Sax aimait. Il ne remplacerait celui-là pour rien au monde. Aussi, il ricanait entre ses dents, à l'écouter louer à quel point il était demandé. Il vint glisser son bras sur ses épaules et derrière sa nuque et pencha sa tête vers lui. D'une voix pincée et suave, il s'exclama :

« Ô dame de mes rêêêves... Amûûûûr de mes nuits... » Il riait, mauvais. « Tu es tellement hypocrite, ehe. C'est la différence entre toi et moi : Je ne rampe pas aux pieds des filles pour me faire tailler une pipe. »

Sax avait tendance à penser que certaines filles cherchaient volontairement la chose. Personne n'ignorait sa réputation. Et peu de personnes réussissaient à lui trouver les qualités nécessaires pour l'apprécier. Pourtant il apparaissait que pas mal de sorcières lui tournaient curieusement autour. Il y sentait une fascination morbide avec laquelle il jouait patiemment. Au fil des conversations, un peu à contre-cœur, Sax réussissait toujours plus ou moins à convaincre. Avec les bons arguments. Avec les bons moyens de pressions.

Trois de ses ex lui rapportaient encore de l'argent, de temps en temps. Sax n'avait qu'à proposer quelques services rémunérés. Lui, celui qui avait tout ce que les plaisirs désiraient. Il pouvait bien faire quelque chose pour ses amis, n'est-ce pas ?

En lâchant Aryel, Sax se demandait si son ami serait un jour capable de s'offrir ces services-là. Ils se connaissaient depuis si longtemps... Le bon Kartoffel pourrait bien lui faire un prix d'ami.

« Et toi, p'tit porc ? »

Sax rit sincèrement. Gorge déployée, tête en arrière et lèvres retroussées sur ses dents.

« Et tu aurais pas tort ! » Souffla-t-il entre deux rires en s'adossant aux lavabos et en croisant les bras.

Il détailla Aryel de haut en bas. Quelques savantes idées lui traversèrent l'esprit pendant que son regard glissait sur lui.

« Chacun son romantisme. » Chantonna-t-il, mielleux en arquant un sourcil. Puis il baissa la tête pour réfléchir. « Comment elle me l'a sortit, déjà... ? » Il la releva, les yeux rieurs. « Ah oui ! »

Il toucha par mécanisme l'épaule de Aryel. D'une voix de crécelle, imitant sa jeune amie Veronica en lui lançant un regard langoureux.

« Les mauvais garçons, ça ne me fait pas peur. Je trouve ça plutôt... Excitant... »

Il lâcha un rire gras et moqueur.

« Il faut de tous les goûts pour faire un monde. Certains aiment les canards, d'autres aiment les connard. Tout est une question de nuance... »