Show must go on feat tous les Serpentard

Samedi 8 septembre 2018

La journée avait bien commencé pour Emrys. Le chapitre 1 de son histoire était terminé bien qu’en français et elle s’était décidée à le lire ainsi. Et tout tomba en ruine durant l’après-midi. Cette Gossip Prophet avait publié son journal et révéla ce qu’Emrys essayait de cacher avant d’avoir pu faire ses preuves. Pression et stress supplémentaire du coup pour la jeune Belge. Comme si elle n’était pas assez stressée ainsi ? Il y avait également l’interview de son arrière-grand-père mais fort heureusement, il n’avait dit de plus sur elle. Il avait raison sur un point : elle était la personne la mieux placée pour parler d’elle-même et non les autres. Si les autres avaient des questions à lui poser, qu’ils le fassent. Elle se ferait un plaisir de leur répondre tant que ce n’était pas pour la critiquer et l’insulter, il en allait de soi.
La jeune fille avait eu un peu de mal à manger au repas du soir, stressant un peu mais elle tentait de se convaincre que ce n’était sans doute pas si horrible que ça. Du moins, de la manière dont lui avait décrit Marvin. Si ça avait permis à un gamin en troisième année à l’époque d’avoir plus confiance en lui après avoir chanté devant tout le monde – ce qui signifiait qu’il devait tout de même avoir une belle voix – cela devait certainement l’aider à prendre confiance en elle quand elle devait prendre la parole devant un public. Cela avait toujours été une sorte de phobie depuis ses douze ans. En primaire, ça allait mais une fois en secondaire, avec sa perte de confiance en elle, parler devant les gens lui était devenu plus difficile.
Elle ne resta pas longtemps dans la grande salle, préférant prendre son carnet dans lequel elle avait écrit son premier chapitre. Pourvu que ça leur plaise quand même en français. Puis, elle se rendit dans la salle commune et attendit. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se ronger les ongles, signe qu’elle stressait beaucoup. Elle n’avait aucune idée de comment ça allait se dérouler. Si ça se trouve, elle n’était pas la seule à passer. Il y avait eu d’autres nouveaux comme elle.

Je retirai tout d'abord nonchalamment ma robe de sorcier en entrant dans la salle commune, jetant ce vieux vêtement pourri contre le mur. Y'avait-il réellement plus ringard que ce torchon d'un mètre soixante-dix ? Franchement, papy demi-molle devrait investir dans un accoutrement moins... Traditionnel. ça en devenait ridicule...

Comme d'habitude, on se gelait les couilles ici ! Encore une histoire de préférence parmi les maisons ? Pfff, qu'importait... Aucun froid ne m'empêcherait de toute évidence de me mettre en T-shirt. Sans plus tarder, j'attrapai ma baguette et allumai la cheminée -qui jusqu'alors demeurait éteinte-. Mon regard se porta alors vers la petite nouvelle... Oh oui ! Celle-là ! Ce devait être un grand jour pour elle. L'heure de son bizutage ! Quelle chance... Un sourire narquois vint s'immiscer sur mes lèvres. Unique salutation que je pus lui offrir.

« T'allumeras le feu la prochaine fois. Si tes pouvoirs ne sont pas suffisants, utilise ton carnet. J'suis sûr que ça prendra vite. »

Toujours aussi chaleureux. Après tout, il ne fallait pas qu'elle prenne trop la confiance ici, ça pourrait la perdre... Oui, tout ça c'était pour son bien. Oh évidemment, nous n'allions pas parler des élèves tombés en dépression à cause de leur bizutage, c'était une autre histoire. Ici, je lui avais donné toutes les cartes en main afin de réussir ce petit challenge... Franchement, si elle échouait, elle n'avait rien à foutre ici, tout simplement ! C'était un jeu d'enfant.

Ainsi m'affalai-je sur l'un des fauteuils de la salle commune, près du feu. Je m'étirai avant de continuer, sans même regarder mon interlocutrice :

« J'espère que tu nous as préparé un truc chouette. »

Samedi 8 septembre 2018

Pour l’instant, elle était la petite nouvelle. Celle qui hélas attirait tous les regards sur elle et ce malgré son désir que l’on la laisse tranquille et s’adapter à son rythme. Elle n’aimait vraiment pas que l’on lui impose certaines choses comme par exemple faire un chapitre en moins de cinq jours. Mais ça, c’était la première et dernière qu’Aryel le faisait. La prochaine fois, elle l’enverrait bouler. Elle n’était pas à ses ordres non plus. Un élève qui était désormais sur sa liste des élèves pas si sympathiques que ça. Et elle n’avait pas tort. La manière dont il lui parla en arrivant ne lui plut guère.
« T'allumeras le feu la prochaine fois. Si tes pouvoirs ne sont pas suffisants, utilise ton carnet. J'suis sûr que ça prendra vite. » avait-il dit.
Utiliser son carnet ? Et puis quoi encore ? La tension et le stress montaient d’un cran chez la jeune fille que le feu allumé par son camarade prit une taille plus haute, ce qui surprit quelques élèves présents. Les émotions d’Emrys pouvaient augmenter la magie ancienne de celle-ci et comme elle était de nature colérique, il ne valait mieux ne pas la chercher du tout. Encore moins quand elle était en mode stress. Mais la Belge prit une grande respiration et se calma du mieux qu’elle pouvait. Le feu reprit progressivement une taille raisonnable. Il ne manquait plus qu’Emrys mette le feu par accident à la salle commune.
« J'espère que tu nous as préparé un truc chouette. » reprit Aryel sans même la regarder.
Elle l’avait beaucoup observé durant les derniers jours, que ce soit à la table de Serpentard, dans la salle commune ou même en cours. Il lui paraissait être un de ces petits branleurs qui se l’a pété grave et qui semblait ne pas avoir le moindre respect pour la gente féminine. Style, les filles un peu réservées ne devaient être que des petites oies naïves et qui finissaient trop facilement dans ses bras – ou son lit qui sait ? Elle n’était pas pour les étiquettes trop hâtives mais malgré tout, elle lui en colla une. Pour l’instant. Peut-être qu’au fil du temps, elle pourrait lui revoir son jugement mais tout dépendait aussi du jeune homme. Et des autres. Emrys avait certes dix-sept ans. Elle était encore jeune mais il lui arrivait de revoir son jugement sur telle ou telle personne. Encore fallait-il mériter qu’elle change d’avis sur vous !
- Cela dépend ce que tu entends par « truc chouette ». Me stresser plus que je ne le suis n’est pas la plus brillante des idées !
Elle allait répliquer en faisant allusion à son don héréditaire mais vu la démonstration faite quelques minutes plus tôt, cela devait être suffisant comme avertissement.

- Le stress c'est un bon moteur pour ce genre de trucs.

Marvel venait de sortir de sa chambre. Contrairement à Aryel, il avait préféré balancer sa longue cape sur son lit plutôt que contre un mur dégueulasse contre lequel on-ne-sait-qui - peut-être Aryel justement, ce qui expliquerait son geste - s'était collé en charmante (ou non) compagnie. Zabini se dégagea une place près du feu d'un simple "Bouge" à l'attention d'un autre élève. Il s'installa près de Leomaris. L'un avait mit la pression sur la nouvelle tandis que l'autre avait cherché à lui donner une raison de s'adonner à ce petit exercice de début d'année. Non seulement ça allait être amusant, mais Emrys allait pouvoir montrer de quoi elle était capable. Si tout se passait bien, ce serait donnant-donnant.

- Quelqu'un a déjà ramené de la bouffe ?

Il s'adressa à la salle entière. Il en profita pour observer les personnes déjà présentes. Certaines commençaient à s'approcher pour venir assister au petit événement privé. Il remarqua un peu plus loin l'un ou l'autre poufsouffle. Ils étaient discrets mais parvenaient toujours à se frayer un petit chemin jusque dans la salle commune la plus froide d'Havalbion. Quelle folie, alors que c'était eux qui avaient la salle la plus confortable.
Marvel reporta son attention sur Emrys. il avait hâte de voir son talent d'adaptation, un caractère commun à pas mal de serpentards qu'il espérait retrouver chez elle aussi.

« Ca va être marrant. »
« Tu vas aimer, t'inquiète. »
« Pourquoi t'en profiterais pas un peu ? »

Sax se souvenait d'Emrys. Il s'en souvenait parce que son premier jour dans leur petit groupe avait été très remarqué. Que la gossip était très certainement amoureuse d'elle. Que beaucoup passaient leur temps à parler d'elle comme si c'était la dernière merveille du monde. Oh ! Petit ange ! Un amour.

Sax était resté vaguement indifférent. Il avait trouvé la petite particulièrement fade et inepte. Elle n'était ni audacieuse, ni drôle, ni naïve. Elle n'était ni brillante, ni stupide. Elle n'était que « La petite-fille » du directeur. Et si Sax acceptait volontiers ses devoirs de préfets en chef pour cette année (pour les privilèges qu'il se créait, Sax pouvait bien faire son job correctement, n'est-ce pas), il n'avait pas autant cherché derrière elle que ses camarades. Et elle n'avait pas cherché derrière lui.

Aussi, ce bizutage-là lui semblait terriblement ennuyeux. Sax avait lu en elle comme il avait lu en tous ses camarades. Il savait quelles émotions profondes la traversaient. Quels étaient ses angoisses les plus intimes. Il savait ce qui pouvait l'émouvoir, ce qui pouvait la rendre triste ou en colère. Et Sax le savait : Emrys était une petite chose fragile et rêveuse. Une gamine en recherche de repères comme toutes les filles de son âge mais qui ne saurait se laisser porter pas la moindre imprévisibilité. Et il n'y avait bien que Marvin qui pouvait s'imaginer la baiser. Ce n'était même pas drôle de chercher à attiser son émotivité. Rien de drôle à la voir pleurer ou minauder. Ca se voyait à quinze kilomètres : Emrys n'était ni douée pour la séduction, ni pour l'érotisme. Mais sans doute, ses amis de chez Serpentard étaient profondément attiré par la facilité et la morosité.

Soit.

Sax pénétra la salle commune en balançant ses effets sur l'un des fauteuils. Un grand sourire paresseux aux lèvres.

« Eh bien. Tout le monde est bien installé, à ce que je vois. » Ricana-t-il pendant que certains de ses camarades lui firent signe de se taire. Sax se moqua d'eux en allant checker ses amis, l'attitude molle.

En passant sa main contre celle gelée (toujours si froide) d'Aryel, son regard se laissa glisser sur Emrys et sur sa chevelure dégagée. Une épaule tendue. Un souffle court. Elle était délicieuse dans cet état d'appréhension adolescente. Presque attendrissante, dis donc !

Sax n'adressa qu'un sourire à Emrys. En guise de salutation courtoise. Lui offrit un clin d’œil encourageant et complice. Il sentait son angoisse plus clairement que tous les sentiments mêlés de cette salle. Elle irradiait et Sax s'en nourrissait avec une volupté rare. Plus détendue que jamais, il se laissa clairement tomber sur les genoux d'Aryel, complètement en travers des accoudoirs du fauteuil, jambes croisés dans le vide.

« Fais-moi une place, beauté. »

Tiens. Il ne voyait pas tout le groupe. Après avoir été visité une amie aux étages supérieurs, Sax ne savait pas a quel point il était en retard. D'habitude, c'était plutôt lui qui se faisait désirer ! Dédaigneusement, Sax posa son bras sur l'épaule d'Aryel le plus confortablement du monde et décida de voir avec lui les modalités de ce « bizutage ».

« J'ai rien raté ? » Il tourna le regard vers Emrys. Il la fixait toujours, prédateur et goûtant la saveur de ses émotions innocentes. « Je vois pas Queenie » Demanda-t-il d'instinct, sachant pertinemment qu'Aryel ne se séparait que rarement de cette petite peste. Ses yeux restaient figés sur Emrys. Toute tendue comme un string.

Samedi 8 septembre 2018

A partir de ce soir, Emrys espérait qu’ils l’accepteraient pour ce qu’elle était, avec ses défauts et ses qualités mais surtout sa personnalité. Mais elle aussi allait devoir apprendre à les accepter comme ils étaient. Il faut dire qu’elle n’a pas une belle image de certains au banquet et se faire une idée sur quelqu’un au bout d’une conversation, c’est vrai que ce n’était pas suffisant. Bon, peut-être fera-t-elle des efforts pour certains si la jeune fille se décidait à cesser de se mettre la pression toute seule.
- Le stress c'est un bon moteur pour ce genre de trucs. Répliqua Marvin.
C’était ce que sa mère lui avait toujours dit pour l’encourager à se surpasser et surtout à surpasser sa timidité et sa réserve. Voir Marin redonna un peu de courage à la Belge. En même temps, elle n’était plus vraiment la seule belge dans le coin même si le jeune homme n’était en fait qu’à moitié belge. Si ça se trouvait, il y avait peut-être d’autres élèves aux origines belges mais sans doute plus éloignées. Il faut dire que l’Angleterre et la Belgique avaient de grands liens puisque le premier roi des belges (côté moldu) était l’oncle maternel de la fameuse reine Victoria.
Pendant qu’elle attendait, le cerveau de l’adolescente était en mode réflexion. Bizutage. C’était un mot qui lui avait toujours fait peur, y compris lors de la Saint-Nicolas en première année. Puis, les autres années d’ailleurs. Elle avait lu et entendu tellement de rumeurs là-dessus étant plus jeune qu’elle en avait eu peur. D’ailleurs, dans son ancienne école, elle tentait toujours d’esquiver la Saint-Nicolas. Ou du moins, d’éviter autant que possible les élèves en dehors des cours. Non, le mot « bizutage » ne lui faisait pas peur. Il la terrifiait complétement. Il était peut-être temps qu’elle prenne un peu de courage et qu’elle affronte cette peur.
En entendant le mot « bouffe », Emrys commença à avoir une petite faim. Par contre, elle remarqua enfin la présence d’élèves de Poufsouffle. Ah, finalement, il y aurait d’autres maisons. L’adolescente commença à sentir la pression diminuer un peu. Elle repensa un peu aux conversations et aux conseils de Marvin. Puis, elle ferma les yeux et s’imagina ce que son grand-père lui aurait dit si elle lui avait parlé de sa rentrée et sa difficulté à faire un peu confiance aux élèves de sa maison. Elle voyait bien la réaction du vieil homme.
« Montre-leur qui tu es mais adapte-toi un peu à leur personnalité ! ». Enfin, c’était la phrase qui lui vient en tête. Et ce n’était pas fini. « Tu sais ce qu’ils savent sur toi mais toi, que sais-tu d’eux ? » continua le fantôme de son papy dans son esprit. Et ce fut là qu’elle eut en quelque sorte la révélation en ouvrant les yeux: ben en fait, elle ne savait pas grand-chose sur eux si ce n’était sur Marvin. Une voix la sortit de ses réflexions. Kartoffel. Ou « Monsieur Patate » ou juste « Patate ». Bon, un surnom bien débile parce qu’il n’avait pas fait le moindre effort sans écorcher une seule fois son nom de famille et de son côté, Emrys n’avait pas envie de perdre de l’énergie en perdant son temps à prononcer toutes les x secondes son nom. Elle préférait laisser tomber l’affaire pour l’instant. Cependant, elle remarqua le clin d’œil encourageant et complice que Sebastian lui lança. Cela la surprit d’ailleurs. La Belge se dit qu’elle devrait faire plus d’efforts auprès de ses camarades. Peut-être qu’un miracle ou une belle surprise l’attendrait un jour ou l’autre. Par contre, elle eut la désagréable sensation d’avoir un regard sur elle. Quand elle tourna la tête, elle vit le regard de Sebastian pointé sur elle, tel un prédateur. La demoiselle ne montra cependant aucune réaction. Elle tourna la tête l’air de rien. Mais elle referma les yeux et tenta de se détendre. Elle inspira et expira calmement. Tout va bien se passer. Pourquoi ça ne devrait pas bien se passer ? Allez, courage ! Que devait se dire le roi Arthur quand il devait prendre la parole devant tous ses chevaliers lors de leurs réunions à la table ronde ? Elle attendit encore un peu mais comme personne ne prenait la parole, pas même les autres petits nouveaux, Emrys décida de faire le premier pas. Elle était dans les plus vieux, autant montrer l’exemple.
- Bon, tout le monde est là ? Euh par quoi commencer .. ; Ben déjà salut !
Elle avait le cœur qui battait vite et elle transpirait presque un peu trop à son goût mais elle continua malgré tout.
- Euh je ne sais pas si Aryel vous l’a dit mais j’avais prévu … Enfin sur invitation d’Aryel … de vous lire un premier chapitre sur une histoire que j’ai débuté il y a peu. Je m’en excuse d’avance mais je n’ai malheureusement pas eu le temps de traduire le français en anglais.
Elle allait dire la langue de Molière en la langue de Shakespear mais elle avait un peu peur qu’ils le prennent mal s’ils ne comprenaient pas la nuance de ses références.
- J’espère que ça vous plaira quand même et que je vous ferais découvrir quelque chose.
Ou pas. Elle prit une grande inspiration, fit apparaître les feuilles du chapitre un en utilisant son don et commença sa lecture.
- "La guerre entre le jeune roi Arthur Pendragon et sa demi-sœur Morgane continuait de faire rage. La terrible fée n’avait pas dit son dernier. Elle avait réussi à manipuler sa sœur Morgause pour que celle-ci l’aide dans un plan qui permettrait de détruire Arthur, même si cela allait prendre des années."
La jeune fille parla sur un ton calme et articula convenablement chaque mot. Elle prenait son temps à lire.
- "Morgause était la plus jeune des sœurs Le Fay, à peine plus qu’âgée qu’Arthur. Elle était malheureusement très influençable. Contrairement à sa sœur aînée, elle n’en avait jamais voulu à leur demi-frère pour la mort de leur père et le mariage de leur mère avec Uther Pendragon. Ce dernier s’était conduit comme un second père avec elle, même s’il l’avait fait épouser contre son grés le roi Loth d’Orcanie.
Mais Morgause, désormais reine d’Orcanie, avait une vie déjà bien mouvementée avec trois petits princes turbulents et un petit dernier arrivé depuis peu. La jeune reine n’en avait que faire des intrigues politiques à Camelot. Tout ce qui l’intéressait, c’était de veiller à l’éducation de ses fils. Mais l’ennui, c’était que cette chère Morgane avait toujours eu les mots qu’il fallait pour amadouer sa petite sœur. La fée maléfique se rendit donc en Orcanie."
Tout en lisant les dialogues, elle faisait aussi de son mieux pour différencier les personnages en prenant des tons différents, une voix plus douce pour Morgause et une voix un peu plus … sournoise pour Morgane. Au fil de sa lecture, elle se détendit et oublia un peu ses angoisses. Elle était complétement dans l’histoire et les personnages.
Quand elle arriva à la fin du chapitre, elle pensa à laisser réagir ses camarades de maison. Mais une idée lui vint en tête pour essayer à mieux s’intégrer.
- Est-ce que ça intéresserait certains que j’en fasse une traduction en anglais déjà pour ce premier chapitre ou pas ?
Dans un coin de sa tête, elle se dit qu’elle devrait sans doute tenter d’inventer un sort pour traduire des textes d’une langue étrangère dans une autre langue. Si ce n’était pas déjà fait.

Chapitre un complet:

Georgiana savait se faire attendre : quand on avait sa stature, on n’arrivait jamais à l’heure à ce genre de soirée. La Serpentard était assez douée pour distinguer les occasions qui nécessitaient une ponctualité polie, de celles qui exigeaient un retard dramatique, maniant les deux pour parvenir sans encombre à ses fins. En l’occurrence, elle avait d’abord failli oublier que ce soir aurait lieu l’intégration de la petite Emrys, Elle avait été retenue à la Volière, occupée à battre des cils pour emprunter un hibou à un charmant cinquième année de Gryffondor un brin trop naïf, et dont le propre courrier devrait désormais attendre. Georgie, de par sa nature, avait un don naturel avec les animaux : il n’avait donc en réalité pas fallu à la demi-Vélane pour faire ployer volatile et maître, mais elle avait un peu abusé de la situation. Et puisqu’elle serait en retard, autant s’assurer que celui-ci soit dramatique.

Elle avait donc pris tout son temps pour redescendre les escaliers menant aux cachots, enlevant les couches de vêtements inutiles au fur et à mesure des étages. Jupe remontée et chemisier avec un bouton de trop de défait, en équilibre entre le vulgaire et le sensuel, les vêtements en trop pliés et flottant discrètement derrière elle. Elle entra dans la salle commune, les talons claquant légèrement, mains levées pour défaire sa queue de cheval avec la même nonchalance que si elle avait été seule, avant de s’arrêter, renvoyer ses cheveux en arrière d’un gracieux mouvement de nuque et sourire à l’assemblée comme si celle-ci s’était rassemblée là uniquement pour elle, interrompant sans vergogne Emrys.

« Bonsoir ! »

Elle s’avança, et prit le fauteuil central qu’un garçon venait de lui céder spontanément avec un ravageur sourire de remerciement.

« Emrys, darling, je suis désolée de t’avoir interrompue. » Elle lui offrit une charmante moue de circonstances, la voix sincère. A en juger par les têtes de ses camarades, ce début de bizutage n’était pas folichon, et ça n’allait pas du tout. Georgie se sentait presque une responsabilité personnelle à ce que la petite nouvelle ne fasse pas honte à la maison, après le fiasco du banquet de début d’année. A défaut, il fallait que la soirée ait un peu plus d’intérêt que sa seule présence.

« J’ai cru deviner que tu parlais de Morgause d’Orkney, mon ancêtre ? Dis-nous en plus. Apprends-moi quelque chose que je ne sais pas déjà sur elle, et je validerais ton intégration. La diffamation ne compte pas, évidemment. »

Elle n’avait pas intérêt à médire sur sa famille dans son petit roman à deux sous, fut-ce dans une langue que personne ne pouvait comprendre. « Tu savais qu’on allait valider ça en fonction de ta performance, n’est-ce pas ? Ca va être difficile de juger sur quelque chose d’aussi… incompréhensible. »

Elle se tourna vers sa bande d’amis, Aryel et Marvin, avec un léger tut tut. Tout de même, ils auraient pu mieux prévenir la nouvelle. Elle se serait peut-être appliquée, au lieu de les prendre tous pour des idiots. Georgiana n’appréciait pas trop l’insulte : est-ce qu’elle parlait gaélique avec les gens, avant de leur demander s’ils voulaient une traduction comme si ces braves anglais avaient été stupides et impolis de ne pas maîtriser sa langue maternelle à elle ? Juste ciel. Elle commençait à croire que Sebastian avait raison : le choixpeau leur avait refourguer une nouvelle élève sans deux sous de jugeotte.

Sax, allongé de tout son long en travers des genoux d'Aryel, observa autour de lui pour mieux visualiser le « Tout le monde ». Il arqua un sourcils. Et constata que non. Il regarda Aryel. Regarda Marvin. Lily. Non, tout le monde n'était pas là. Mais les retardataires l'étaient pour de bonnes raisons et Sax n'avait aucune envie de les attendre. Cependant, il trouva cela très cocasse de demander si tout le monde est là et de commencer alors que personne n'avait répondu. Parce que ce « tout le monde » était absolument n'importe qui. Tout le monde était invité à venir ou à sécher ce petit baptême. Il n'y avait pas de tout le monde. De quoi elle parlait ?

Et à côté, l'anxiété de Sandrine montait. Une petite soupape. Un parfum particulier. Le trac. Le vrai. Sax qui continuait de la fixer bu de ces émotions et s'en délecta en abandonnant sa tête en arrière et en fermant les pupilles.

« Je sens que ça va être Dantesque, encore... » Murmura-t-il à l'intention d'Aryel avec un ricanement gras tandis que l'anxiété d'Emrys bourdonnait agréablement à ses oreilles.

Sax ne s'attendait pas à grand chose d'Emrys. Il s'était déjà fait une opinion au cours du buffet. Avait senti et vu ce qu'il avait à sentir. De l'anxiété face à la menace, de la peur de l'inconnu, de la timidité d'adolescente, la colère d'être jugée. Tout ça, il l'avait déjà goûté, chez leur nouvelle petite recrue.

Aussi, un peu mollement, il tourna la tête vers Emrys, relevant à peine une paupière. Rien que de l'entendre bredouiller, bafouiller, s'humilier de la sorte en public, il avait honte pour elle. Même lui se sentait mal à l'aise. Et c'était peu dire. Il se rallongea paisiblement. Il dormirait sans doute.

Emrys n'avait pas les qualités d'une conteuse. Elle n'était pas extravertie, elle n'était pas compatissante, elle n'était pas empathique. Elle était toute enfermée dans sa cage d'angoisse, incapable de bouger des épaules, incapable de formuler des phrases correctement avec son accent français. Il le sentait à des kilomètres. Il n'y aurait aucune mise en scène spectaculaire digne de ce nom. Aucun jeu d'acteur grandiloquent qui vous emporte à travers une histoire. Aucun effort parce que tous les efforts que pouvait produire leur amie Emrys, elle les concentraient entièrement sur son stress et son trac plutôt que sur la qualité de sa prestation. Un effort surhumain et plein de bonne volonté mais qui allait forcément gâcher le plaisir d'écouter une narration qui pouvait inviter à un véritable voyage. Emrys avait le trac, elle n'y pouvait rien et allait rater sa performance à cause de ça. C'était couru d'avance.

« Tu me réveilleras quand ce sera fini ou qu'il se passera quelque chose d'intéressant, mon chou... » Il s'installa d'avantage sur Aryel et posa sa tête sur son épaule, les yeux déjà clos. Préparant son imaginaire à se laisser porter par des descriptions de paysages enchanteurs et d'intrigues romanesques.

« Je n’ai malheureusement pas eu le temps de traduire le français en anglais. »

Sax redressa brusquement le visage. Regarda les autres élèves tout aussi interloqués que lui. Aryel. Marvin. Marvin, non, pitié, dis lui ! C'est ta copine, c'est toi qui sait lui parler ! Dis-lui que c'est pas possible ! Dis-lui qu'ils vont pas juste se taper un monologue incompréhensible pendant une heure juste parce qu'elle était pas foutue de traduire d'une langue maîtrisée à une autre langue maîtrisée en une petite heure de taffe !

« C'est une blague ? » Se permit-il en voyant que certains de ses camarades étaient beaucoup trop gênés pour elle pour oser lui dire qu'elle allait droit dans le mur. Il rit. « Vous faites ce que vous voulez, vous. Moi je dors... »

« J’espère que ça vous plaira quand même et que je vous ferais découvrir quelque chose. »

Ah beh pour le coup, difficile de découvrir grand chose quand on ne comprenait pas un mot de ce qu'elle pouvait raconter.

« Mais c'est un cirque, ehe... » Souffla-t-il, les yeux fermés.

Incapable de savoir si tous les Serpentard savaient ou pas qu'effectivement, elle allait monologuer toute seule en Français. Sax songea qu'il y avait sans doute quelque chose à en tirer à la fin et incapable de trouver une bonne position, Sax fini par taper la causette d'abord avec Aryel. Puis petit à petit avec d'autres Serpentard qui ne comprenaient pas ce que Emrys lisait.

Il lui semblait qu'elle parlait de... Personnage emblématiques du Cycle Arthurien. Et bah, ma cochonne. Elle avait pas peur la petite nouvelle. Les légendes Arthuriennes, vu le passif de l'école et ses mythes, tous les élèves étaient plutôt bien calées sur le sujet et peu acceptaient qu'on touche à ce patrimoine-là. Seigneur, que penserait Georgiana... ?

Sax continua un moment par tailler bavette, s’intéressant de moins en moins à ce que pouvait bien baver Emrys dans son patois natal. De temps en temps, Sax laissa surprendre ses conversation se suspendre pour écouter les ridicules petites mimiques vocales d'Emrys pour ensuite se concentrer de nouveau sur leurs trouvailles du Chemin de Traverse. Alors, étrangement, pour un Sax fatigué, à force de jouer les pipelettes fashionista, notre bon Serpentard avait fini par trouver le temps court. Il semblait que ce premier chapitre ne fusse pas si long et la torture pouvait s'achever.

Et dire que c'était elle qu'ils auraient dû être torturée... Quel gâchis. Tu parles d'un bizutage.

Sax ne s'était pas interrompu alors qu'elle achevait son histoire. Comme certains de ses camarades (comme la majorité de ses camarades), ils avaient décrochés du conte. Pipelettes et potins, ils avaient meublé leur temps comme ils l'avaient pu et Sax se retourna vers Emrys lorsqu'elle eut le culot de demander s'ils voudraient une version compréhensible et intelligible pour la prochaine fois.

« Ah ! Pincez-moi, je rêve... » Il ricana. Entre un rire nerveux et une espèce d'admiration fascinée pour une telle débilité culottée. Puis, il cessa de marmonner pour se soulever en porte-parole de son petit club de connard. « Non mais là, ehe... Tu te moques de nous, c'est ça ? Tu nous troll, hein ? »

Georgiana.

Georgiana dans toute son impératrice splendeur venue descendre auprès des mortels pour se la péter et casser l'ambiance. Georgiana venu mettre un peu de rang et d'ordre parmi les cohue de bouseux pour mieux se faire représentante d'une communauté dont elle était incapable d'en délimiter les bords. Mais cette blague ! Et tous ces garçons qui se pâmaient devant elle. Qui bavaient et se laissaient distraire par cet air de carpe morte de demi-vélane sans jugement critique.

Sax laissa parler. Elle ne prenait même pas la peine de saluer sa cour, la noble dame. Et bien évidemment, puisqu'on parlait de la légende d'Arthur, fallait-il qu'elle se la ramène encore avec ses interminables histoires de famille ! Cette fois-ci, néanmoins, l'enjeu du sujet lui parut plus intéressant que d'habitude. Faire parler Emrys en français. Qu'elle ne se cache plus derrière sa langue natale et qu'elle s'intègre en parlant la langue du pays. Elle voulait parler d'Arthur Pendragon ? De Morgause et de Morgane ? Qu'elle le fasse en anglais. C'était le minimum. Et Sax se redressa légèrement, attendant comme tout le monde que Emrys se ridiculise à parler d'affaires sorcières autour des affaires Arthuriennes qu'elle ne connaissait sûrement pas. Simplement parce que ce n'était pas le genre de chose qui se lisait dans des livres mais plutôt dans les archives privées et secrètes de la lignée d'Orkney.

Georgiana était une sale petite pute vérolée. C'était de la triche : Emrys n'avait clairement pas les informations nécessaires pour gagner le défi que sa consœur lui lançait. Et sentir ce pic d'adrénaline typique de l'instant de panique lui était délectable.

Cependant...

« Ehe, tu as crus que tu étais là seule à pouvoir juger son intégration, bichette ? C'est nous qui venons de nous taper une heure de lecture en Français ! Tu es un peu en retard, chérie. » Il ricana, mauvais et nonchalant alors que Georgiana renchérissait.

« Ca va être difficile de juger sur quelque chose d’aussi… incompréhensible. »

Sax ne ricana plus. Il éclata d'un rire franc. Un coup de tonnerre. Il renchérit d'avantage également.

« Difficile de juger ? De qui tu te moques, Queenie ? » Ils en venaient tous les deux aux mêmes faits. Mais là où Georgina se faisait juge impartial, Sax était l'impitoyable bourreau. Et la justice n'attendait pas. Inutile de tourner autour du pot : Autant être franc avec cette tête de linotte. « C'était nul, pas la peine de la ménager. Il n'y a rien à juger, aha ! C'était juste nul. »

Sax tourna la tête vers Emrys.

« Mais, mon chou, tu te regardes, quand tu racontes ton machin ? J'ai l'impression d'être à l'Eglise ! Tu bouges pas, tu nous montre rien, tu regardes personne ! T'as autant de charisme qu'un crayon et le pire dans cette histoire, c'est que j'ai absolument rien compris parce que je parle pas un broc de Français ! T'as même pas pris la peine d'utiliser des sorts pour nous illustrer ! » Il eut un instant de pause, impitoyablement désolé. « Ah. Oui. J'oubliais que tu ne maîtrisais même pas tes pouvoirs... » Quelques ricanement timides éclatèrent autour. « Je me suis fait chier comme un rat mort ! Rends-moi l'heure de ma vie que tu m'as volé, tiens ! »

Brusquement, il s'étira pour que son bras atteigne le rebord du table et choper un morceau de papier du bout des doigts. Il le froissa pour le lancer à la figure d'Emrys.

« Et puis, va te coucher, par pitié. Ca devient gênant pour tout le monde. »

Samedi 8 septembre 2018

Georgiana choisit le moment où Emrys parlait de Morgause et Morgane pour apparaître. La Belge observa rapidement ses camarades et voyant comment se comporter Sebastian, ça ne disait rien de bon. Son intuition lui disait que ce n’était qu’une vaste blague cette histoire d’intégration. Le bizutage, ça disait ce que ça voulait dire : foutage de gueule en perspective !
« Emrys, darling, je suis désolée de t’avoir interrompue. »
- Ce n’est rien !
La lady semblait pourtant sincère mais elle reprit sa lecture jusqu’à ce que celle qu’ils appelaient Queenie reprenne à la fin.
« J’ai cru deviner que tu parlais de Morgause d’Orkney, mon ancêtre ? Dis-nous en plus. Apprends-moi quelque chose que je ne sais pas déjà sur elle, et je validerais ton intégration. La diffamation ne compte pas, évidemment. »
Evidemment, Emrys savait que Georgiana était une descendante de Morgause mais une petite voix dit à la jeune fille ne pas s’énerver et de réagir plus intelligemment.
« Tu savais qu’on allait valider ça en fonction de ta performance, n’est-ce pas ? Ca va être difficile de juger sur quelque chose d’aussi… incompréhensible. »
Elle se sentait de plus en plus jugée, ce qui n’était pas le but d’une intégration. Si c’était peut-être le cas de Marvin, ce n’était clairement pas le but des autres. Ils étaient probablement venus pour la tourner au ridicule pour bien lui faire ressentir qu’elle n’avait pas sa place à Serpentard. Finalement, elle s’était mise la pression pour rien car même si Gossip Prophêt avait révélé son lien avec les Blackmore, ils étaient restés sur leur première impression du banquet. En fait, ils l’avaient déjà jugée depuis le début. Tout ceci n’était qu’une vulgaire mascarade pour bien se payer de sa tête. Elle allait répondre mais Sebastian prit entre-temps la parole.
« Difficile de juger ? De qui tu te moques, Queenie ? C'était nul, pas la peine de la ménager. Il n'y a rien à juger, aha ! C'était juste nul. »
Il tourna la tête vers la Belge.
« Mais, mon chou, tu te regardes, quand tu racontes ton machin ? J'ai l'impression d'être à l'Eglise ! Tu bouges pas, tu nous montre rien, tu regardes personne ! T'as autant de charisme qu'un crayon et le pire dans cette histoire, c'est que j'ai absolument rien compris parce que je parle pas un broc de Français ! T'as même pas pris la peine d'utiliser des sorts pour nous illustrer ! »
Il eut une pause avant de reprendre :
« Ah. Oui. J'oubliais que tu ne maîtrisais même pas tes pouvoirs... »
Quelques élèves présents éclatèrent d’un rire timide. Cependant, Emrys resta de marbre mais tout en écoutant. Ne t’énerves pas, ça ne sert à rien !
« Je me suis fait chier comme un rat mort ! Rends-moi l'heure de ma vie que tu m'as volé, tiens ! »
Il lui attrapa de la main le papier contenant son texte pour le froisser et le lui jeter à la figure.
« Et puis, va te coucher, par pitié. Ca devient gênant pour tout le monde. »
Il y eut encore quelques rires mais Emrys, le visage parfaitement neutre mais un peu froid, prit la parole à son tour.
- C’est bon ? Tu as fini ? Alors à mon tour de dire ma façon de penser.
Elle ne stressait plus là. Elle était presque un volcan sur le point d’entrer en irruption mais fit de son mieux pour se contenir. Sa voix resta calme mais froide. Non, elle n’allait pas leur faire de gâteau comme eux ne lui en avaient pas fait. Elle tremblait un peu, le cœur battant vite mais elle se promit de ne pas s’énerver ou du moins, de ne pas trop.
- Pour t’être fait chier à mort, ça s’est vu tout de suite. Première que t’as fait, c’est de t’asseoir à côté d’Aryel et te mettre en position « Allez, je passe en mode dodo parce que j’en ai rien à foutre de ce qu’elle raconte » ! Mais mon chou, si tu avais envie de dormir, t’avais qu’à rejoindre ton lit au lieu de venir ! Et puis, tu crois que c’est facile de raconter une histoire que t’as fini dans la journée sans regarder le texte ?
Malgré le stress, elle avait eu le temps d’observer les autres avant de poser son regard sur Georgiana.
- Pour votre information, Your majesty, oui je parle de Morgause mais que puis-je vous en apprendre plus que vous ne le saviez déjà actuellement ? En fait rien du tout ! Juste le désir de lui donner un rôle bien plus … Comment dire ? la mettant plus à son avantage car il faut bien le reconnaître, les légendes, que ce soit côté moldu ou côté sorcier, elle n’en a pas. A mon sens, ce n’est pas de la diffamation mais plutôt une réinterprétation d’un personnage trop laisser de côté.
Elle n’espérait pas convaincre réellement la lady mais elle lui expliquait pourquoi elle parlait de son ancêtre dans son histoire.
- Pour le reste, oui, je le reconnais, je n’étais pas assez préparée mais ça n’aurait rien changé, que je le sois ou non. Vous vous êtes déjà fait votre opinion avant même cette soirée. Allez, avouez-le ! Vous êtes venus pour vous marrer de mon échec. Mais c’est pas grave ! Et oui, je ne maitrise pas encore bien mes pouvoirs. Parce que je les ai seulement découvert peu après la mort de mon grand-père ! Mais ça, vous le saviez ? (elle prit un air étonné). Non, vous ne saviez pas ? Ah, oui c’est vrai. Vous ne pouviez pas le savoir. D’un côté, j’avoue que c’est un peu de ma faute. Je n’ai pas cherché à parler plus avec vous mais en même temps, on n’est pas dans la même classe non même si j’ai aussi dix-sept ans comme vous.
Elle restait d’un calme olympien et parler avec honnêteté. Elle savait que ça pouvait se retourner contre elle cette trop grande franchise mais ne pas être franche, ça serait ne pas être elle.
- Ce n’est pas en une soirée ou sur la prestation de quelqu’un qu’on peut déterminer qui il est réellement et le juger. J’ai jamais entendu qu’on devait juger une personne pour valider son intégration. C’est un truc qui est censé se faire naturellement et avec le temps. Moi, je sais ce que je vaux et si le Choixpeau m’a envoyée ici, ce n’est pas sans raison. Vous devriez bien le savoir ! (Une petite pause). De toute façon, je verrai bien qui d’ici sont dignes d’être mes amis ou non et ça se fera au fil du temps. Je me trompe peut-être sur certains d’entre vous et je vous juge sans doute mal à cet instant. D’ici quelques jours, ou quelques semaines ou même dans quelques mois, on aura eu des surprises et je reconnaîtrais volontairement mes torts tout en m’excusant d’avoir eu un mauvais jugement.
Elle était consciente que certains de ses camarades allaient encore la critiquer mais à présent, elle n’en avait que faire. Elle savait ce qu’elle avait à faire : étudier la magie et avoir son diplôme. Les amis, c’était comme une chanson de Claude François « ça s’en va et ça revient ! ».
- Sur ce, je vous souhaite un bon restant de la soirée pendant que moi, je m’en vais dans mon coin pour traduire mon texte au cas où quelques-uns auraient tout de même envie de savoir ce que je vous ai lu.
Elle fit une révérence avant de se rendre à une table libre où elle s’assit. Elle leur aurait bien montré un doigt d’honneur mais ça ne faisait pas parti de son éducation. Elle sortit sa baguette qu’elle utilise pour nouer son chignon et fit apparaître tout ce dont elle avait besoin pour sa traduction : un dictionnaire français-anglais, son bloc de feuille et un bic. Elle ressortit son texte un peu froissé et commença son travail. Quitte à être une marginale, ce qu'elle avait toujours été, autant l'assumer à présent !

, la situation était particulièrement gênante... Genre, vraiment gênante... Le ton de la soirée avait déjà été posé par les premières paroles de cette pauvre Emrys. L'enfant naïve avait cru bon de nous lire toute son histoire en français. En français putain ! Qui en avait quelque chose à foutre de ces bouffeurs de lait gâté et de grenouilles ? Non franchement... Personne n'avait rien capté à son charabiat, et la salle s'ambiança immédiatement en conséquence.

Le magnifique Sax fut le premier à poser sa pierre à l'édifice -en l'occurrence, la tombe de cette pauvre Emrys-. Il n'y était pas allé de main morte le bougre... En règle générale, je me serais certainement mis à rire comme un gros débile. Et clairement, il y avait de quoi ! Sebastian l'avait démontée ! Exterminée, réduit en cendres, POUF !

Je m'étais pourtant retenu ici d'ajouter mes rires insupportables aux mots du Serpentard. De simples gloussements furent suffisant... Et puis franchement, j'avais de la peine pour la pauvre petite. Sax avait tout dit, il n'y avait pas grand chose à rajouter... Emrys préféra finalement quitter le piédestal fictif sur lequel elle s'était placé en s'exposant face à nous, s'asseyant alors à une table un peu plus loin.

« Ma puce, t'inquiète pas ! On fait tous des erreurs. T'auras le temps de te rattraper. » Fis-je en direction de la boudeuse, exprimant le plus de compassion que mon caractère pourri me permettait d'offrir.

Je tapotai finalement doucement la tête de Seb, installé bien -trop- confortablement sur moi, tel un gros tas.

« On fait nos durs et tout, mais on mord pas. Particulièrement Seb » terminais-je finalement...

En soit, l'affirmation était véridique. Sax ne mordait pas. Il défonçait le cul sévère, mais ne montrait pas les dents.

Georgie bouillait. Pourquoi diable Sebastian la démontait-il ainsi en public, alors que ce n’était pas son intégration à elle ?

« Ce n’est pas de ma faute si tu n’as pas eu l’intelligence d’arriver après le désastre annoncé. »

Au diable si elle allait le laisser l’humilier devant tout le monde. Toute seule avec lui, peut-être bien qu’elle aurait été terrifiée, mais en public, c’était différent. Son aura était sa carapace et au diable si elle le laisserait détruire ça en plus du reste.

Sax commença ensuite à détruire en règle la pauvre petite Emrys. Bien calée dans son fauteuil, Georgie se garda bien de l’interrompre, mais garda une expression neutre. Il était violent, et elle fut impressionnée de voir que la petite nouvelle ne se démontait pas tant que ça. Soit elle était complètement inconsciente du danger, soit elle était très courageuse… Non, au vu de sa réponse, juste complètement stupide. Incroyable. Ils retrouveraient cette enfant morte dans un vieux corridor avant la fin de l’année scolaire, avec un tel manque d’instinct de conservation. Gigi, qui s’était contenue jusque-là pour lui laisser le bénéfice du doute, eut un petit éclat de rire cristallin quand Emrys tenta de se justifier. Essayait-elle vraiment de se placer en victime ? Merlin.

Et qu’est-ce que c’était que ce charabia sur son ancêtre ? Les sourcils de Gigi montèrent haut sur son front d’albâtre.

« Je me fiche de légendes parcellaires. Mon ancêtre a réellement existé, c’était une immense sorcière, et les racontars n’y changeront jamais rien. Ce qui compte, c’est que tu n’écrives pas d’âneries sur son sujet à ton tour, en voulant « réinterpréter » des bases historiques que tu ne maîtrises même pas. »

Peut-être la laisserait-elle lui poser des questions, si jamais elle en avait. La démarche serait même appréciée. Pas que l’on fictionnalise une Orkney, même aussi lointaine que Morgause. Gigi laissa Emrys partir, et discuta quelques minutes avec des amis à elle, avant de se lever à son tour et de s’étirer ostensiblement avec une souplesse féline qui fit se tourner plusieurs têtes masculines. La démarche élégante, elle se dirigea vers son dortoir pour s’y retirer, au fond assez lasse. Passant devant Emrys qui boudait seule à sa table, elle glissa cependant :

« Fais attention à ne pas mal choisir tes ennemis. » Espérons qu’elle ne soit pas trop stupide pour ne pas comprendre l’avertissement. Se mettre à dos Georgiana Orkney était une mauvaise idée. Se mettre à dos Sebastian Kartoffel était suicidaire.

Samedi 8 septembre 2018

Une chose était certaine pour Emrys : elle venait de foirer son intégration ! Tant pis ! Elle fera comme elle l’a toujours fait les autres années : s’enfermer dans son monde et se la jouer solitaire ! Mais d’un autre côté, la plupart des Serpentard qui étaient présents n’étaient que des septièmes années. C’était pas comme si son diplôme en magie dépendait d’eux ! D’ici l’an prochain, ils ne seront plus là et elle sera en sixième année. Une année un peu plus cool sans doute. Mais pendant qu’elle regardait pour traduire son texte en anglais, elle réfléchissait aux paroles de Sebastian. En relisant le texte dans sa langue natale, c’est vrai que ce n’était déjà pas assez bien travaillé. Et puis, même la présentation n’était pas terrible. Bon sang, c’était des sorciers ! Elle aurait dû au moins se préparer mieux que ça. Pourquoi ne pas avoir fait un truc avec de la magie, le tout en lisant son histoire afin de mettre une bonne ambiance. Ce qui était bien chez Emrys, c’était le fait que malgré ses doutes, elle pouvait se remettre en questions et prendre le positif dans les critiques même les plus atroces. Au moins, elle avait gagné quelque chose ce soir-là : elle avait un peu grandi !
Georgiana passa près d’elle, lui glissant quelques mots au passage et dont Emrys prit note dans un coin de sa tête. Oui, se faire des ennemis dès la première semaine n’était sans doute pas la plus brillante des idées à faire. Mais elle devait reconnaître que malgré les mots employés par Sebastian, cela méritait de prendre en compte ce qu’il disait. La manière n’était pas sympa mais le fond était juste et vrai. Elle entendit ensuite la voix d’Aryel de là où il était.
« Ma puce, t'inquiète pas ! On fait tous des erreurs. T'auras le temps de te rattraper. » fit Aryel en prenant une petite mine boudeuse pleine de compassion.
La jeune fille finit par se tourner vers le groupe des 7A. A les regarder là, ils semblaient ne pas être si méchants que ça.
- N’empêche … T’as quand même raison Sebastian. C’était nul ! J’aurai du me préparer mieux que ça ! Après tout, on est des sorciers et j’ai fait plutôt à la mode moldue !
Oui tout le monde faisait des erreurs mais le plus dur était d’en tirer une leçon, ce qui n’était pas toujours à la portée de tous ! De plus, Emrys était à présent très calme, comme si la pression qu'elle s'était mise s'était par magie avait subitement disparu d'un coup de baguette.

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